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comment continuer la réconciliation

 

La première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est passée; que fait-on maintenant?

Les annonces concernant la présence de tombes sans épitaphe sur les lieux d’anciens pensionnats ont confirmé ce que les peuples autochtones, et les auteurs de ces crimes, savent depuis des décennies. « Il s’est opéré un virage soudain dans les conversations qui se tenaient à l’échelle du pays. On a commencé à évaluer nos valeurs et nos gestes en tant que pays sous l’angle de la vérité et de la réconciliation, a déclaré Garnet Angeconeb, du Cercle des survivants du Centre national pour la vérité et la réconciliation. Ce virage était en partie attribuable aux terribles nouvelles qui nous arrivaient de nos proches dans l’Ouest, mais de plus en plus, de nombreux survivants se sentaient maintenant prêts à dire leur vérité, ce qui nous permet de mieux comprendre ce qui s’est réellement passé. »

Malheureusement, certains se sont ancrés dans le vernaculaire colonial pour décrire l’horrible mort d’enfants innocents comme étant attribuable à des « causes naturelles » et le génocide de la nation comme étant un « chapitre sombre de notre passé. » Dans un pays pourvu d’immenses richesses, de ressources et d’innombrables occasions, le débat renouvelé sur la réconciliation a révélé que peu de progrès avaient été réalisés dans le présent pour faire progresser les 94 appels à l’action depuis qu’ils ont été lancés, il y a six ans.

Moins d’un mois après l’annonce faite par Tk’emlups te Secwépemc, un jour férié a été créé par le biais du projet de loi C-5 pour honorer les victimes et les survivants des pensionnats, conformément à l’appel à l’action no 80. Le 30 septembre, le pays s’est paré de la couleur orange. Des lieux phares, des bâtiments et des panneaux d’affichage jetaient une lueur orangée; des rubans et des pancartes agrémentaient les pelouses; et une onde de chandails orange déferlait parmi les foules, dans les locaux à bureaux et dans les commerces locaux.

Ces percutantes expressions de solidarité ont envoyé un message clair d’amour et de soutien aux survivants, ce qui les a amenés à ressentir tout le contraire de ce qu’ils ont vécu durant leur enfance passée dans les pensionnats. Ce message a également permis de faire comprendre aux dirigeants politiques et aux églises que les Canadiens veulent voir des mesures concrètes pour rectifier les systèmes, les politiques et la doctrine fondés sur le racisme et les valeurs coloniales. Les lumières orange se sont éteintes, et nous avons depuis retiré nos chandails orange, mais il reste un travail important et difficile à accomplir.

Que pouvons-nous donc faire le reste de l’année?

Rien sur nous, sans nous

Comprendre le sens de cette phrase est fondamental pour la réconciliation. Pour remédier aux conséquences qu’a eues le colonialisme sur les peuples autochtones, il faut que les efforts déployés soient propres aux Autochtones. Il y a donc lieu d’inclure les voix autochtones dès le début des conversations, des projets et des plans. Ainsi, il sera possible d’aborder chaque sujet relatif à la réconciliation selon un angle autochtone et de comprendre l’impact de nos propos sur les peuples autochtones.

Soyez prêt à désapprendre ce que vous avez appris

Le colonialisme est ancré dans les institutions et les systèmes qui ont été construits pour le protéger et le maintenir. Le système des pensionnats a été une arme de choix dans l’arsenal du colonialisme, mais des outils d’apparence aussi innocente qu’un manuel scolaire ont servi à perpétuer au Canada les mythes du progrès et de l’édification d’un pays, ce qui a justifié l’expulsion des peuples autochtones de leurs terres ancestrales. Historiquement, des plateformes électorales qui traitaient des pensionnats ont été exploitées et ont mené à la victoire. En fait, de nombreuses photos ont servi de propagande pour montrer que les églises et le ministère des Affaires indiennes éduquaient les enfants autochtones avec « bienveillance ».

Il est également essentiel d’être sensible au langage. Le choix des mots peut minimiser les préjudices infligés aux peuples autochtones. Lorsqu’on parle des tombes sans épitaphe comme étant des « découvertes », on fait fi des répercussions qu’entraîne le fait d’avoir ignoré ce qu’ont soutenu pendant des années les survivants et les familles ayant perdu des enfants dans les pensionnats. Des expressions telles que « chapitre sombre » ne tiennent pas compte du traumatisme qui existe aujourd’hui au sein des communautés autochtones à cause du système des pensionnats. Il importe d’être sensible au langage utilisé dans le travail à venir, car les expressions soigneusement construites ont souvent pour effet de dissocier les idéologies racistes et coloniales du tissu du Canada à titre d’État colonisateur.

Il existe de nombreuses listes de ressources en ligne sur les pensionnats, notamment les suivantes : CNVR Éducation ressources et https://guides.wpl.winnipeg.ca/residentialschools/reading?fbclid=IwAR2a0Fu-qW6cN1lpbC9rc90BxUKnPTvDUvR35WE4vEGJxVnjmxZW_9-Jggo

N’attendez pas que les décideurs politiques mettent en œuvre le changement

La réconciliation concerne tous les Canadiens. Elle nous enjoint d’assumer un rôle actif dans le perfectionnement de nos compétences interculturelles après le 30 septembre. Familiarisez-vous avec les peuples autochtones de votre région et renseignez-vous sur les relations qui y existaient à l’origine entre les Autochtones et les non-Autochtones. On trouve beaucoup d’information en ligne et les gardiens du savoir savent de mieux en mieux établir une connexion virtuelle, de sorte que les possibilités d’apprentissage autodidacte se multiplient.

Vous pourriez aussi vous pencher sur les politiques organisationnelles et les activités opérationnelles en vigueur dans votre milieu de travail : vos politiques s’attaquent-elles au racisme systémique et font-elles activement progresser la réconciliation? Vos politiques font-elles une place accueillante aux Autochtones au sein de votre entreprise et favorisent-elles la reconnexion avec la culture et l’identité? Vos plans stratégiques donnent-ils suite aux 94 appels à l’action? De quelle manière ou pourquoi pas?

Maintenez la visibilité

Les gouvernements sont sensibles à l’opinion publique. Vous pourriez décider de porter votre chandail orange tout au long de l’année pour continuer de faire de la sensibilisation dans vos quartiers et dans votre lieu de travail. Des autocollants orange apposés sur les véhicules ou dans les fenêtres en période électorale aideront à faire passer le message selon lequel les efforts de réconciliation sont des discussions importantes à tenir tout au long de l’année. L’amplification des messages de réconciliation dans les médias sociaux constitue un autre moyen de faire entendre votre voix en faveur des questions autochtones afin que les gouvernements s’engagent sérieusement à leur égard.

Soutenez les Autochtones

Engagez-vous à remédier à la disparité économique à laquelle les peuples autochtones sont confrontés en raison du colonialisme. Embauchez des employés autochtones et veillez à ce qu’ils aient un accès équitable aux postes de direction au sein de l’entreprise et à ce qu’ils bénéficient de possibilités de formation et d’éducation. Envisagez de faire des dons à des organismes autochtones à but non lucratif, en particulier ceux qui se consacrent activement à la recherche de la vérité et à la réconciliation, ainsi qu’aux efforts de guérison. À la lumière de la nouvelle vague d’intérêt pour la vente de produits en lien avec la Journée du chandail orange et le slogan « Chaque enfant compte », il est important de trouver des entreprises appartenant à des Autochtones, ainsi que celles qui profitent aux entreprises autochtones, avant de faire vos achats. Pour que le 30 septembre se perpétue, il faut ancrer ces pratiques dans nos décisions et nos gestes de tous les jours, par exemple en intégrant les entreprises autochtones dans les contrats d’approvisionnement ou en achetant des œuvres d’artistes autochtones.

Tenez compte des traumatismes

La vérité et la réconciliation n’ont pas été assorties de mises en garde. Si l’intégration des voix des survivants est essentielle pour mieux comprendre les conséquences des pensionnats, il convient aussi de reconnaître qu’il est moins qu’idéal que cet apprentissage se fasse dans le cadre de plans de cours ou d’ateliers de 60 minutes. Il faut faire preuve de sensibilité lorsqu’on fait appel aux survivants alors qu’ils revivent leur traumatisme en racontant leur vérité. De nos jours, lorsque des enfants vivent un traumatisme, les écoles leur procurent du soutien par le biais de conseillers et de psychologues afin de les aider à gérer leur chagrin et leur détresse. Cela n’a pas été le cas lorsque les survivants ont subi des abus dans leur enfance ou ont été témoins de la mort de leurs camarades.

Se tenir au courant des mécanismes de soutien de la santé et publier les numéros de téléphone à composer est un bon début. Lorsque vous invitez un survivant à raconter son expérience, pensez à lui demander s’il serait utile qu’un autre survivant ou une personne de confiance l’accompagne ou si une plume d’aigle ou un autre objet réconfortant lui serait utile. De même, n’oubliez pas de procéder à un exercice de récapitulation et d’assurer un suivi et comprenez bien que votre public pourrait aussi en avoir besoin.

Voici une bonne ressource qui résume ce que vous pouvez faire pour faire appel à des survivants et organiser des activités à leur intention :

Recherchez les gens

La réconciliation, ce n’est pas une liste de cases à cocher; c’est une pratique qui exige un engagement. Le travail de réconciliation sort les gens de leur zone de confort; il ne faut donc pas s’étonner si vos efforts sont accueillis avec réticence et racisme. Reconnaissez que la réconciliation et l’alliance ne consistent pas à faire de la culpabilisation. Il s’agit de savoir, de respecter et d’agir. Si vous vous sentez « bloqué » ou si vous vous heurtez à des obstacles, recherchez des organismes ou des gens susceptibles de vous proposer des idées et de vous faire des suggestions que vous pourrez intégrer dans votre travail.

Vous trouverez en ligne de nombreux exemples du travail de réconciliation, notamment dans l’article suivant de Crystal Gail Fraser, Ph. D., et de Sara Komarnisky : https://activehistory.ca/2017/08/150-acts-of-reconciliation-for-the-last-150-days-of-canadas-150/.

La Journée nationale pour la vérité et la réconciliation Manifestation de solidarité

The Survivors' Flag at Parliament Hill
The NCTR on September 30th, 2021
The NCTR Teepee on September 30th, 2021
The Honourable Levinia Brown speaks on Parliament Hill
crédit photo: Prime Ministers Office
Survivors stand on Parliament Hill
The Survivors' Flag Flying with the Canadian Flag
Survivors stand during Algonquin honour song
Canadian and Survivors' flag on Parliament Hill
Jimmy Derocher speaks on Parliament Hill
crédit photo: Prime Ministers Office

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“Ka-kí-kiskéyihtétan óma, namoya kinwés maka aciyowés pohko óma óta ka-hayayak wasétam askihk, ékwa ka-kakwéy miskétan kiskéyihtamowin, iyinísiwin, kistéyitowin, mina nánisitotatowin kakiya ayisiniwak, ékosi óma kakiya ka-wahkotowak.”

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