Histoire des pensionnats autochtones
Pendant plus de 150 ans, des enfants des Premières Nations, du peuple inuit et de la Nation métisse ont été enlevés de leurs familles et communautés, forcés de fréquenter des écoles souvent bien loin de chez eux. Plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats autochtones. Bon nombre d’entre eux n’en sont jamais revenus.
Le premier pensionnat autochtone administré par une église a ouvert ses portes en 1831. Dès les années 1880, le gouvernement fédéral avait adopté une politique officielle de financement des pensionnats partout au Canada, avec l’intention explicite d’arracher ces enfants de leurs familles et leurs cultures. En 1920, la Loi sur les Indiens a rendu obligatoire la fréquentation des pensionnats autochtones par les enfants âgés de 7 à 15 ans ayant le statut d’Indien des traités.
La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a conclu que les pensionnats autochtones « ont constitué un outil systématiquement utilisé par le gouvernement pour détruire les cultures et les langues autochtones et pour assimiler les peuples autochtones afin d’effacer leur existence en tant que peuples distincts. » La CVR a qualifié cette intention de « génocide culturel ».
Les pensionnats étaient dans bien des cas sous-financés et surpeuplés, et offraient un enseignement de qualité inférieure. Tout enfant qui y parlait sa propre langue était puni sévèrement, et les membres du personnel n’étaient jamais tenus responsables de la façon dont ils traitaient les enfants.
C’est connu, des milliers d’élèves ont été victimes de violences physiques et sexuelles dans les pensionnats. Tous ont souffert de solitude et désiraient profondément retourner dans leurs familles.
Les pensionnats ont causé des préjudices aux enfants, mais également à leurs familles et leurs communautés. Les élèves ont été privés d’exemples réels d’amour et de respect. Les cultures, traditions, langues et systèmes de connaissances propres aux Premières Nations, au peuple inuit et à la Nation métisse se sont vus érodés sous l’effet de cette assimilation forcée.
Les torts causés par les pensionnats autochtones ont des séquelles encore aujourd’hui.
Pour bien des survivantes et survivants, briser le silence sur ce qu’ils ont vécu dans les pensionnats les force à revivre des traumatismes. Pendant des années, nombre d’entre eux avaient préféré taire la vérité.
En 1996, la Commission royale sur les peuples autochtones – qui allait marquer l’histoire – a attiré l’attention sur les séquelles à long terme des pensionnats autochtones. De plus en plus de survivantes et survivants, de même que leurs descendants sont venus raconter leur histoire et réclamer que des gestes concrets soient posés.
Forts de leur courage et de leur persévérance, les survivantes et survivants en sont arrivés à un accord juridique avec l’Assemblée des Premières Nations, des représentants du peuple inuit et les accusés, soit le gouvernement fédéral et les églises qui avaient administré les écoles visées. La Convention de règlement relative aux pensionnats autochtones comprenait ce qui suit :
- Une promesse d’excuses publiques. Le 11 juin 2008, Stephen Harper, alors premier ministre, a présenté des excuses officielles au nom du Canada. On pouvait y lire « Il n’y a pas de place au Canada pour les attitudes qui ont inspiré le système de pensionnats autochtones, pour qu’elles puissent prévaloir à nouveau. »
- Une indemnisation aux survivantes et survivants des pensionnats autochtones, y compris le montant forfaitaire du Paiement d’expérience commune, le Processus d’évaluation indépendant pour les cas les plus graves de violence et le Fonds de commémoration.
- La mise sur pied de la CVR visant à informer l’ensemble de la population canadienne sur ce qui s’est produit dans les pensionnats autochtones, en exposant et en consignant le témoignage des survivantes et survivants, de leurs familles, de leurs communautés et de toute autre personne sur qui le système des pensionnats a eu un impact. La CVR a publié un rapport détaillé sur l’histoire des pensionnats autochtones, en plus d’une série d’appels à l’action et de principes de réconciliation.
Il est important de comprendre que la Convention de règlement relative aux pensionnats autochtones n’était pas exhaustive. Les survivantes et survivants de la Nation métisse n’en faisaient pas partie. Un règlement distinct a été conclu avec les survivantes et survivants de Terre-Neuve-et-Labrador en 2016. Par ailleurs, il a fallu attendre jusqu’en 2019 pour qu’une convention de règlement soit conclue avec les survivantes et survivants des externats autochtones fédéraux.
Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) poursuit des volets importants du travail de la CVR, notamment en préservant et en élargissant les archives de déclarations et d’autres documents de survivantes et survivants, ainsi qu’en créant un registre de milliers d’enfants dont la mort dans les pensionnats autochtones est connue.
En septembre 2020, Parcs Canada a annoncé que les pensionnats autochtones étaient désormais désignés comme des événements d’importance historique. Cette désignation s’applique à certains éléments de l’histoire canadienne, qu’ils soient positifs ou négatifs, qui ont eu une influence à long terme sur l’évolution de la société canadienne.
Le Parlement canadien étudie le projet de loi C-5 en vue de créer une journée nationale de commémoration en hommage aux survivantes et aux survivants des pensionnats autochtones et de faire connaître l’histoire de ces pensionnats. La CVR a demandé une telle forme de commémoration dans ses appels à l’action (appel à l’action no 80).
Le nom spirituel du CNVR, Bezhig miigwan, signifie « une plume ».
Bezhig miigwan nous invite à considérer chaque survivant qui se présente au CNVR comme une plume d’aigle, et à lui montrer le même respect et la même attention que s’il était une plume d’aigle. Ce nom signifie également que nous sommes tous ensemble – nous sommes unis et connectés, et il est vital de travailler ensemble pour parvenir à la réconciliation.