Déclaration sur le 5e anniversaire de la cérémonie de clôture de la CVR
Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) appuie la déclaration des commissaires de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) concernant l’urgence et la nécessité pour notre pays d’aller de l’avant avec les 94 appels à l’action de la CVR.
« Tout comme les survivantes et les survivants, nous tenons à souligner le travail des commissaires et à les en remercier. Le Canada ne se trouve pas là où il devrait être en ce qui concerne la réparation des préjudices causés par ces terribles institutions, mais les efforts faits par les commissaires au nom des survivantes et des survivants ont commencé à nous amener sur la bonne voie », affirme Eugene Arcand, membre du Cercle des Survivants du CNVR.
Malgré le fait que les choses ont bougé pour certains appels à l’action, il est urgent d’accélérer la cadence, car les survivantes et les survivants méritent de voir des efforts tangibles de réconciliation de leur vivant.
« Je suis reconnaissante pour le travail fait dans le cadre de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Il a été difficile pour de nombreuses personnes de parler de leurs douloureuses expériences. Pour beaucoup de survivantes et de survivants, la CVR représentait une première occasion d’être entendus et d’être crus, explique Levinia Brown, une survivante membre du Cercle de Gouvernance du CNVR. Le Canada doit continuer d’aller de l’avant avec la réconciliation afin de rendre hommage aux personnes qui se sont présentées pour raconter leurs expériences. »
La réconciliation peut ne pas représenter une priorité alors que nous sommes toutes et tous confrontés à des défis hors du commun en raison de la pandémie de COVID-19. Cependant, pour les survivantes et les survivants, elle est plus importante que jamais, car la pandémie met en lumière les inégalités qui frappent les communautés autochtones.
« Nous savons que tout le monde est touché en ce moment. Les survivantes et les survivants qui sont isolés de leurs familles ressentent une solitude similaire à celle supportée durant leur enfance dans les pensionnats », précise Phyllis Googoo, membre du Cercle des Survivants.
Bien que les mesures pour freiner la propagation du virus de la COVID-19 visent à protéger la population canadienne, l’isolement extrême et la perte du contact familial peuvent faire ressurgir des souvenirs douloureux chez les survivantes et les survivants qui ont été retirés de leurs communautés et qui, pour certaines et certains, n’ont pas pu serrer dans leurs bras des membres de leurs familles ou leur parler durant leurs placements dans les pensionnats.
Les préoccupations concernant les répercussions de la pandémie sur les survivantes et les survivants sont aussi exprimées par Lyla Bruyere du Cercle des Survivants. « Les effets de la distanciation sociale et de l’isolement se font sentir différemment dans les communautés du Nord, éloignées et rurales qui n’ont pas les mêmes infrastructures d’accès ni les mêmes ressources que dans les régions plus près des grands centres urbains. Il est difficile pour les survivantes et les survivants de rester en contact et de travailler à la guérison. »
Aller de l’avant avec les appels à l’action
Les survivantes et les survivants demandent d’en faire plus pour s’engager sur la voie de la réconciliation. Parmi les pas importants à faire en ce sens, citons la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) qui, selon de nombreuses personnes, jette les bases de la réconciliation, ainsi que le Conseil national de réconciliation qui appuie et guide les Canadiennes et les Canadiens dans leurs cheminements respectifs. L’adoption de la DNUDPA crée une base pour que les Autochtones puissent se sentir à l’abri des politiques futures ayant des répercussions sur les terres et les droits de la personne et puissent vivre paisiblement et élever leurs enfants dans leurs langues et leurs cultures.
L’absence de mesures d’urgence pour atteindre les buts est décevante, car des Aînés et des survivants continuent de nous quitter et c’est à ces personnes que notre pays doit rendre des comptes.
« Les survivantes et les survivants n’ont pas vu de plan gouvernemental pour mettre en œuvre les appels à l’action, précise Stephen Kakfwi, un survivant membre du Cercle de Gouvernance du CNVR. Pour poser de véritables gestes de réconciliation, ceux-ci doivent être inclusifs et s’inspirer d’un modèle autochtone. Autrement, on perpétuera un système qui ne répond pas aux objectifs des survivants et de la CVR. »
La guérison est un effet attendu de la mise en œuvre des appels à l’action. Pour les survivantes et les survivants et le pays dans son ensemble, la guérison est l’une des plus importantes étapes de notre parcours commun sur le chemin de la réconciliation. Une journée commémorative nationale permettra à toute la population du Canada d’apprendre son histoire, de prendre un moment pour se souvenir de tous les enfants qui ne sont jamais retournés chez eux et d’organiser des cérémonies de guérison.
Le travail du CNVR concernant les appels à l’action
Le CNVR travaille actuellement sur de multiples appels à l’action et soutient aussi le travail d’autres intervenants. Pour chaque appel à l’action, il faut prendre en considération une multitude d’étapes et de stratégies. Le CNVR espère semer le germe de la vérité pour que le pays puisse cultiver des gestes de réconciliation.
Le CNVR offre des présentations pour sensibiliser diverses organisations des secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice afin de les aider à comprendre l’histoire et les séquelles des pensionnats indiens, ainsi que les moyens à prendre pour favoriser la réconciliation. En raison de la pandémie, le CNVR est passé en mode virtuel pour sensibiliser la population et les fonctionnaires et a diffusé entre autres une vidéo à l’occasion de la Journée du chandail orange qui a été vue par plus de 500 000 élèves.
Le CNVR fait en outre de grands efforts pour continuer sur sa lancée et poursuivre le travail en lien avec l’appel à l’action no 79. La reconnaissance des pensionnats indiens en tant qu’événement d’une importance historique nationale a été annoncée le 1er sept 2020. Le CNVR continue son travail pour trouver tous les enfants qui ne sont jamais retournés chez eux pour faire suite aux appels à l’action 71 et 72 avec le Registre commémoratif national des élèves.
Nous ne pouvons pas y arriver seuls et nous avons besoin que notre pays nous soutienne et continue de nous aider à avancer dans la bonne direction.
« Nous sommes reconnaissants d’avoir l’occasion de poursuivre cet important et difficile dialogue, mentionne Garnet Angeconeb du Cercle des Survivants. Nous devons reconnaître les efforts de réconciliation faits à l’échelle locale et communautaire. Des écoles, des bibliothèques, des entreprises et des organismes de soins de santé locaux font de l’excellent travail. Il ne s’agit pas toujours d’une approche descendante, mais d’un processus ascendant, citoyen et d’efforts gouvernementaux. Ces deux approches sont nécessaires pour obtenir les résultats escomptés. »
Alors que nous allons célébrer le 5e anniversaire de la fin de la CVR, ce travail doit se poursuivre. Pour que les survivantes et les survivants puissent voir la réconciliation se concrétiser dans notre pays, nous devons accorder la priorité aux appels à l’action et procéder beaucoup plus rapidement.
Il est nécessaire que tous les gouvernements et toutes les personnes réitèrent leur engagement envers la réconciliation et les appels à l’action. Le Canada tout entier doit contribuer pour parcourir avec succès cet extraordinaire chemin vers la guérison.
Survol de l’exposition des cérémonies de clôture