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Déclaration Publique sur le 5e anniversaire du rapport final de la commission de vérité et réconciliation du Canada

 

L’HONORABLE MURRAY SINCLAIR, CHEF WILTON LITTLECHILD, Dre MARIE WILSON, COMMISSAIRES

LE 15 DÉCEMBRE 2020

Il y a cinq ans aujourd’hui, nous avons fait front commun avec les survivantes et les survivants des pensionnats indiens pour présenter le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR). Des Canadiennes et des Canadiens de tous les horizons ont accueilli favorablement les appels à l’action et ont ressenti un sentiment d’urgence, de détermination et d’unité. Aujourd’hui, nous sommes inquiets de constater le rythme lent et irrégulier de la mise en œuvre de ces appels à l’action. Nous nous sommes réunis de nouveau pour la première fois en cinq ans, car nous sommes persuadés que ce sentiment d’urgence, de détermination et d’unité doit être ravivé.

Les fondements essentiels de la réconciliation n’ont pas encore été mis en œuvre, malgré les engagements pris par le gouvernement. Dans certains territoires et certaines provinces, nous risquons de perdre des gains acquis.

Nous reconnaissons et saluons le fait que le gouvernement fédéral se soit engagé à aller de l’avant avec la création du Conseil national de réconciliation et l’adoption d’une loi pour la mise en application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Ces mesures sont fondamentales pour poursuivre le travail de vérité, de réconciliation, de guérison et de justice. Pourtant, même aujourd’hui, rien n’est certain. En fait, six provinces ont demandé que la mise en application de la loi soit de nouveau différée, malgré les vastes débats concernant la Déclaration des Nations Unies déclenchés au Canada depuis l’adoption de cette Déclaration par les Nations Unies, en 2007.

La CVR a été créée sur ordonnance de la cour en vue d’étudier et de documenter l’histoire et les impacts de plus d’un siècle de scolarisation forcée des enfants autochtones dans les pensionnats indiens au Canada. Au cours de notre mandat de six ans, nous avons entendu les déclarations de près de 7000 survivantes et survivants des pensionnats indiens, de leurs familles et de personnes touchées par ces pensionnats. Ces survivantes et survivants ont non seulement décrit les souffrances et les abus subis, mais aussi les séquelles persistantes laissées sur leurs familles, leurs langues, leurs cultures et leurs communautés.

Les survivantes, les survivants et leurs familles méritent d’obtenir vérité, justice et guérison. Toutefois, un grand nombre de ces survivantes et survivants ne sont plus parmi nous. Nous sommes très attristés par le décès de trois des 10 membres du conseil consultatif des survivants de la CVR. Ces personnes et des milliers d’autres qui nous ont aussi quittés depuis la présentation de notre rapport ont contribué de façon importante à la prise de conscience nationale. Elles méritaient d’être témoins de véritables progrès significatifs de leur vivant.

Le Canada tout entier doit aussi être témoin de cette avancée.

Nous valorisons et apprécions les nombreuses initiatives et actions mises en œuvre en réponse à nos appels à l’action. Le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) a été créé dans le cadre du travail fait par la Commission. Il a continué de se développer pour devenir un inestimable gardien et protecteur des déclarations et des documents qui ont été confiés à la CVR, ainsi que des vérités qu’ils contiennent. Le fait que le Canada accepte désormais de qualifier les pensionnats indiens d’événement d’une importance historique est lourd de sens. Nous avons été émus de constater la participation enthousiaste d’élèves et d’éducateurs de tout le pays lors de la Journée du chandail orange et nous sommes heureux de voir qu’un projet de loi pour désigner une Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est étudié par le Sénat. Nous fondons de l’espoir sur les efforts des établissements d’enseignement en vue de mettre en place de nouveaux programmes d’études pour enseigner l’histoire des pensionnats indiens, l’histoire des relations entre le Canada et les Autochtones, ainsi que les valeurs, les traditions et les savoirs des Inuits, des Métis et des Premières Nations.

Cependant, malgré les efforts positifs, nous constatons aussi des signes inquiétants, comme le recul politique des progrès faits au chapitre des programmes d’études dans les écoles publiques de l’Alberta et de l’Ontario. Cette régression est non seulement une barrière à la réconciliation, elle est aussi une charge contre la vérité.

Voilà pourquoi le Conseil national de réconciliation et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sont une telle importance. Le Conseil national est essentiel pour dépister, évaluer et rendre compte de tous les aspects touchant la réconciliation nationale. Comme nous l’avons indiqué dans notre rapport final, la Déclaration des Nations Unies se veut un cadre pour réussir une telle réconciliation, à tous les niveaux et dans tous les secteurs de la société.

Disons les choses clairement. La vérité, la réconciliation et la guérison sont des questions urgentes. En fait, l’urgence est plus grande et plus évidente que jamais.

Les communautés inuites, métisses et des Premières Nations sont confrontées à une pauvreté endémique, à l’insécurité alimentaire et à une crise du logement. Ces situations continuent de provoquer un nombre disproportionnellement élevé de placements d’enfants autochtones et une surreprésentation des Autochtones dans le système de justice pénale.

L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, une enquête que nous avons réclamée dans les appels à l’action, a permis de brosser un tableau clair et saisissant de l’horrible violence subie par les femmes, les filles et les personnes bispirituelles inuites, métisses et des Premières Nations. L’Enquête nationale a aussi confirmé très clairement que seulement un changement transformateur pourra mettre fin à cette violence.

Au cours de la dernière année, nous avons aussi eu un douloureux rappel montrant que le racisme systémique à l’intérieur du système de soins de santé met les Autochtones à risque. En effet, des vies perdues auraient pu être sauvées par le simple fait de fournir les soins que tous les patients méritent de recevoir. Nous sommes aussi tout à fait conscients que les profondes inégalités subies par les peuples autochtones rendent les risques liés à la COVID-19 encore plus grands et plus urgents.

Dans un tel contexte, nous demandons aux gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ainsi qu’à toute la population canadienne de renouveler leurs engagements et de redoubler d’efforts en vue de la réconciliation et de la guérison.

La réconciliation exige que toutes les Canadiennes et tous les Canadiens s’unissent avec résolution dans un but commun. Il n’est pas trop tard.

Les survivantes et les survivants nous ont dit que le Canada ne doit jamais oublier le tort qui a autrefois été fait aux plus vulnérables, les enfants. Nous nous sommes réunis de nouveau aujourd’hui, car nous devons commémorer cette vérité.

Il ne s’agit pas d’un anniversaire donnant lieu à la célébration, mais plutôt d’une occasion de faire preuve d’honnêteté nationale et de prendre des actions urgentes et significatives.

Survol de l’exposition des cérémonies de clôture

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“Ka-kí-kiskéyihtétan óma, namoya kinwés maka aciyowés pohko óma óta ka-hayayak wasétam askihk, ékwa ka-kakwéy miskétan kiskéyihtamowin, iyinísiwin, kistéyitowin, mina nánisitotatowin kakiya ayisiniwak, ékosi óma kakiya ka-wahkotowak.”

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